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Le Bestiaire

« Are you human ? » susurrait la voix d’Allison Goldfrapp sur le disque Felt Mountain (2000). Cette question, on aimerait la poser aux Tigres, Girafes, Ouistitis, et autres animaux que Sophie a l’habitude de photographier. Ainsi ce saisissant portrait de Tigre projette d’emblée le spectateur dans un ailleurs bien difficile à définir. Ces portraits sont ils des portraits? Ces modèles sont ils des modèles? Pas si simple. D’autant plus que Sophie les croque avec ce même regard emprunt d’un amour à la fois distant mais intime, perfectionniste et pourtant naturel…»

Sophie nous présente sa galerie d’animaux, d’ici et d’ailleurs, petites et grosses bêtes, qu’elle «traque» depuis presque 20 ans. Cochon, Buffle, Panthère… on aime la sensibilité avec laquelle la photographe saisit le regard troublant de ces animaux par leur aspect étrangement humain.

Sophie travaille le portrait au sens propre du terme. Ses portraits d’animaux sont réalisés avec soin et attention, en abordant les animaux comme s’ils étaient des modèles humains. Pour chaque image, elle crée le même environnement quel que soit le lieu de prise de vue, de manière à former un ensemble pictural.
Ses portraits sont donc toujours exécutés sur le même modèle, une mise en scène très sobre: cadrage réduit au « visage », composition avec seulement un premier plan, «point de vue» frontale, regard intense, et fond noir. 
Cette étonnante galerie de portraits d’animaux, troublante par l’aspect étrangement humain de chaque individu, soulève la fascinante ambiguïté du statut de l’animal.
Ce Bestiaire nous confronte aux animaux, ils deviennent ici le support d’une réflexion,  fragment d’une réalité à partir de laquelle peut se composer une fiction ou une analyse du statut propre de l’animal. La présence de l’animal renvoie à l’existence même de l’homme, ainsi qu’à notre responsabilité face au destin de la nature.

Commencée en 2000, cette collection ne compte à ce jour qu’une cinquantaine de portraits. Chaque animal a été photographié comme un homme, soit à une distance de 50 à 200 cm de la tête de l’individu, une condition qui crée une véritable interaction avec le modèle , mais qui reste difficile à réaliser. Je ne travaille donc qu’avec des animaux vivant en captivité, cela me permet d’avoir une proximité avec l’animal, tout en travaillant sereinement. Mes prises de vue avec les animaux sont toujours apaisantes. J’aime sentir leur odeur, et passer des heures à les observer. 

Dans mon bestiaire, les animaux sont libérés de la présence de leur environnement et isolés sur un fond noir. Sans repère d’échelle ni de temps, ils  sont éclairés comme dans un studio photo, ils délivrent alors encore plus intensément la richesse de leur mystère et de leur beauté, et semblent étrangement humains, à nous observer du coin de l’œil . »